L’État belge se sépare d’une œuvre d’art spoliée par les Nazis.

La Bibliothèque royale de Belgique restitue un dessin du XVIIe siècle aux proches parents de victimes de la Deuxième Guerre mondiale.

  • Dessin original : Vue du Kattenberghof à Anvers avec cavaliers à l’avant-plan par Gillis Neyts (ca. 1618 - 1687).

  • La restitution s’effectue dans le cadre d’accords internationaux conclus lors de la Conférence de Washington en 1998.

La collection Feldmann

Le 6 novembre 1978, la Bibliothèque royale de Belgique acquiert, par le biais de la filiale amstellodamoise de Sotheby’s, un dessin de la main de l’artiste bruxellois Gillis Neyts. Ce dessin ayant fait l’objet de plusieurs transactions effectuées après la guerre par la maison de vente, rien ne laissait supposer qu’il avait été dérobé par la Sipo-SD (Sicherheitspolizei-Sicherheitsdienst), le 15 mars 1939 au Dr. Arthur Feldmann, un collectionneur d’art juif de Brno (dans l’actuelle République tchèque).

 

Elke Sleurs, Secrétaire d’État compétente en matière de collections d’art des Institutions scientifiques fédérales, a décidé, suite à l’avis de la Bibliothèque royale de Belgique, de procéder à la restitution du dessin aux héritiers légitimes représentés par M. Uri Peled Feldmann. D’autres dessins de maîtres anciens de la collection Feldmann avaient déjà été retrouvés précédemment au British Museum de Londres.

Collaboration avec la Communauté juive

Conformément à la décision de la Commission de Dédommagement des membres de la Communauté juive  - c’est-à-dire la Commission Buysse, dont le suivi est aujourd’hui assuré par la Chancellerie du Premier Ministre -, les services du SPP Politique scientifique (BELSPO) examinent toutes les demandes de dédommagement de biens culturels disparus en Belgique pendant la Deuxième Guerre mondiale ainsi que de biens culturels ayant été confiés à la gestion des institutions culturelles belges après la guerre. Ces recherches sont menées - au même titre que les activités de la Commission Buysse - en concertation étroite avec les représentants de la Communauté juive et conformément aux accords signés par la Belgique lors de la Conférence de Washington en 1998.

Le SPP Politique scientifique, la Commission Buysse, la Chancellerie du Premier Ministre et le Comité de coordination des Organisations juives de Belgique – le Consistoire Central Israélite de Belgique, le Musée juif de Bruxelles et le Musée de la Déportation et de la Résistance à Malines – ont collaboré étroitement en la matière.

                « Cette collaboration peut être considérée sans l’ombre d’un doute comme un travail de pionnier. Nous avons travaillé de manière sérieuse et objective. Je n’ai dès lors pas hésité à trancher. La restitution du dessin aux héritiers était l’unique décision correcte et équitable que je pouvais prendre. Je suis satisfaite qu’après toutes ces années, le dessin ait pu réintégrer le patrimoine de la famille concernée ».

Elke Sleurs, Secrétaire d’État à la Politique scientifique

Un dessin de paysage à la technique particulièrement raffinée

Gillis Neyts est probablement né à Overijse, près de Bruxelles, à la fin des années 1610 ou au début des années 1620. Nous supposons qu’il a suivi sa formation auprès du paysagiste anversois Lucas van Uden (1595-1672), mais nous n’en avons pas la preuve. Durant la première partie de sa carrière, il est actif à Anvers, où il se marie en 1643. En 1665, il habite Namur. Il décède probablement à Anvers en 1687. Comme artiste débutant, il s’essaye à l’exécution de paysages sur papier au moyen d’une technique extrêmement raffinée. Le succès commercial de ses dessins l’a sans doute encouragé à poursuivre la production de ces joyaux – qui ont évolué vers un style plus pointilliste -.

Même si près de quatre-vingts tableaux de Neyts ont été conservés, cet artiste doit sa notoriété essentiellement à ses dessins de vues topographiques plus ou moins fiables. Cette Vue du Kattenberghof à Anvers avec cavaliers à l’avant-plan peut, d’après la signature, être datée dans les années 1660-1670. Gillis Neyts a réalisé trois dessins de la cour. Ce sont des dessins à la plume, de petit format, sur vélin. D’autres feuilles sont conservées à Paris (Fondation Custodia, collection Frits Lugt, inv. 1970) et à Cambridge (The Fitzwilliam Museum, inv. PD.507-1963).

Joachim Spyns

Attaché de presse, Bibliothèque royale de Belgique

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